Week-End annuel de formation Grands Espaces

guides grands espaces
Guides Grands Espaces

Il y a plus de 10 ans à présent, le Dr Jean Lebrat, notre médecin d’expédition, a organisé les premiers exercices de tirs et de secourisme à Lons-le-Saunier, avec les Pompiers et la Gendarmerie du Jura. Puis, nos équipes sont devenues plus nombreuses, les exercices sont devenus plus variés, fractionnés par équipe, et le besoin s’est fait ressentir de nous réunir une fois l’an; une manière de se retrouver dans l’esprit de l’entreprise, d’intégrer les nouveaux arrivants et de recevoir les informations les plus pertinentes sur des thèmes qui nous sont chers. C’est pourquoi les réunions de Viévy (Côte d’Or) ont vu le jour, réunissant cette année 56 guides et membres du bureau

Le vendredi 24 mars 2017

Le vendredi 24 a été l’occasion d’une table ronde de 17 à 19 heures, permettant de bien expliquer les rôles de chacun : les photographes de bord (photographies pour l’Agence, compte-rendu passagers, innovations, ateliers et conférences passagers), les chefs d’expédition et surtout les guides, dont le but est le partage de connaissances, la sécurité et la représentation de la Société Grands Espaces. 9 nouveaux guides postulants étaient présents, car pour 2017 et surtout 2018 nous allons affréter plus de bateaux, donc devoir recruter de nouveaux guides dans le cadre de notre formation.

Guides Polaires Grands Espaces © Photos Gilles Brébant
Guides Polaires Grands Espaces © Photos Gilles Brébant

 

Conférence Polaire Grands Espaces
Conférence Polaire Grands Espaces © Photos Gilles Brébant

Le premier dîner a réuni 43 personnes au Café du Nord dans la ville de Condé, Arnay-le Duc, et rien de tel que ce type de dîner pour lier connaissance, échanger le bonheur à se retrouver bientôt sur le terrain. Certains de nos guides exercent leur métier tant dans le Nord qu’en Antarctique voire ailleurs, et c’est ainsi leur gagne-pain, d’autres l’exercent durant leurs vacances professionnelles, mais tous ont le même esprit de partage, de conservation de la nature, et les même expériences et formations. Certains sont jeunes, d’autres des vétérans du Pôle, comme Bernard Lefauconnier, Raymond Perrin, Bruno Guégan et Christian Kempf, qui à eux 4 totalisent plus de 160 étés polaires : l’expérience est présente!

Cette formation est au cœur de notre WE, avec le tourisme polaire. Chaque année en effet, un thème principal est retenu afin de mieux cadrer les interventions lors de ce colloque.

Le samedi 25 mars 2017

Samedi, Christian Kempf a rappelé les rôles à bord, l’importance de la sécurité; nous emmenons des personnes souvent âgées, loin de toute base, dans des environnements dangereux et écologiquement fragiles de haute montagne, de haute mer, en des lieux où un ours sur 4 voudrait goûter à l’homme… De même, si nous sommes surtout des universitaires, la culture générale polaire ainsi qu’une bonne connaissance de l’entreprise pour laquelle nous travaillons, est indispensable; ainsi, à terre comme en zodiac, nous pourrons répondre aux questions, faire connaître voire passionner, et faire de nos passagers des ambassadeurs des fabuleuses beautés de ces régions polaires. Les organismes internationaux de croisières expéditions (IAATO, AECO) vont rendre très prochainement obligatoire des tests de connaissances auxquels Grands Espaces collabore pour l’Arctique.

Elisabeth Coelho-Rossone est en charge de nos formations: formation des guides postulants, et organisation des exercices. Elle a donc détaillé les 3 phases de la formation: Contacts, formations (tests, zodiac, modules spécialisés), terrain, sous le parrainage d’un sénior.

Cette formation inclut le Brevet de Premiers Secours, le Permis Côtier maritime et le STCW, le certificat marin de base. 10 d’entre nous l’ont passé du 6 au 10 mars au Yacht Club de Monaco, laissant à tous les images de lutte contre l’incendie équipés d’ARI, d’exercices en mer avec radeaux, mais aussi de belles soirées et déjeuners à l’invitation de la « Belle Classe Academy » qui voyait pour la première fois des guides polaires au sein de ses formations : l’occasion d’un beau « buzz » monégasque auquel nous nous sommes prêtés, et que Christophe Bassous, coordonnateur de ce stage, nous a présenté en images.

guides croisières polaires Pierre Taverniers, Christian Kempf, Bruno Guégan et Bernard Lefauconnier
Guides croisières polaires :
Pierre Taverniers, Christian Kempf, Bruno Guégan et Bernard Lefauconnier

 

guides voyages polaires Idrissia Threstup, Christiane Drieux, Stephanie Allemand et Michel Medici à gauche, Agnès Brenières, David Alemand et Jean Marie Seveno à droite
Guides voyages polaires :
Idrissia Threstup, Christiane Drieux, Stephanie Allemand et Michel Medici à gauche, Agnès Brenières, David Alemand et Jean Marie Seveno à droite

L’après-midi, nous entrons dans le vif du sujet du tourisme polaire avec plusieurs exposés relatifs à la Société, qui affiche ses 20 ans de croisières expéditions.
Depuis 20 ans à présent, Marielle et Christian dirigent, et l’actuel intérêt pour les régions polaires amène Grands Espaces à se développer, avec plus de 1500 passagers, et 8 employés permanents.
Mais pour assoir le développement et une autre échelle d’organisation, des transformations vont être réalisées dans les mois à venir:

– Embauche d’un Directeur Général avec une longue expérience de voyages d’aventures ou croisières et embauches d’autres salariés.
– Regroupement des activités en nos bureaux de Beaune, puis de Lyon et nouveaux dessins des postes.
– Plan de promotion et de développement passant entre autres par la refonte de notre site.
– Sur le fond, nos destinations polaires vont rester le tronc de nos activités, avec une diversification arctique et un développement antarctique, mais parallèlement, nous allons beaucoup développer nos offres de croisières découvertes sur les Galapagos, l’Amazonie, le Zambèze et l’Extrême-Orient russe notamment.

Christian Kempf a dressé un historique des croisières expéditions, de la période des pionniers, des bateaux russes, des bateaux de luxe réaménagés, aux bateaux du futur, construits et réfléchis pour le tourisme polaire. Il a de même présenté en plusieurs tableaux les résultats très précis d’une étude commandée entre autres par Grands Espaces, sur le développement de ce « marché ».

Une entreprise a certes sa philosophie, la protection de la nature pour la nôtre, mais aussi ses projets à moyen terme, et c’est avec la gestion directe de bateaux de 12 places (Polaris 1), 35 places (à mettre en œuvre) et bientôt 80 places, que nos capacités vont être produites.
C’est dans ce cadre qu’Eric Lustman a décrit un projet mené par 3 entités, dont Grands Espaces et Christian Kempf qui y est fortement impliqué, amenant à la mise en chantier de plusieurs bateaux polaires de petites capacités (80 places), alors que la tendance mondiale se situe vers 180-230-530 passagers, dévoyant de fait la notion d' »expédition ». Pourtant elle seule permettra une vraie découverte et le respect de l’environnement. Ces bateaux devraient être lancés en 2019/2020, et Grands Espaces devrait les utiliser surtout entre Spitzberg et Groenland.

Sur la scène européenne, d’autres acteurs nationaux sont proches de notre Société, dont Polarquest (Scandinavie). Adam Rehborg nous a présenté leurs activités, polaires surtout, et le nouveau bateau « Grand Large » que nous allons étrenner ce printemps avec eux.

Frank Fietz a présenté Polarkreuzfahrt, dans le contexte très concurrentiel de l’Allemagne, et avec également un yacht polaire de 12 places, le Cape Race, que nous allons utiliser en 2018 au Groenland.

Dorothée Adam et Claire Mazard nous suivent depuis des années avec leurs caméras et équipements sons, glanant ainsi au gré de nos croisières expéditions des séquences superbes. Il en ressort des films de promotion et des pastilles polaires sur des thèmes variés. Claire et Dorothée nous ont présenté la « pastille » (film de 1,5 à 2,5 minutes) sur les glaciers, en hommage à Louis Reynaud, décédé l’an dernier. L’équipe a aussi suivi nos formations depuis 2 ans, et a ainsi réalisé un film de 13 minutes montrant ce qu’est la pratique d’un guide conférencier polaire, et les applaudissements des premiers concernés ont montré l’importance de ces vues qui devraient inspirer d’autres sociétés et structures de formation.

Après une pause, deux exposés généraux ont été permis grâce à la présence de deux intervenants exceptionnels. Yves Frénot d’abord, directeur de l’Institut Polaire Français, qui nous a présenté le contexte géopolitique de la présence française en Antarctique et sur les îles subantarctique, les moyens développés, dont le nouveau brise-glaces « Astrolabe » mis en service par la Marine Nationale (le précédent allant en bateau humanitaire en Asie). Parmi les bases et les efforts logistiques et de recherche, DDU (Dumont d’Urville) et la base internationale franco-italienne Concordia à 1200 km sur la calotte ont la vedette. Les convois sur glace sont ainsi devenus une spécialité française. La recherche menée dans le cadre des grands programmes nationaux et internationaux est organisée par l’Institut Polaire, dans le cadre des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Des centaines de « polaires » hivernent chaque année pour certains ou partent en missions d’été pour d’autres dans l’Antarctique le moins accessible, et cela depuis l’époque des premières missions de Paul-Émile Victor.

croisières antarctique
Croisières Antarctique

 

guides croisières Antarctique Les anciens hivernants de Terre Adélie en compagnie d'Yves Frenot, directeur de l'IPEV : Nicolas Garanger, Nicolas Vogel, Samuel Blanc, Pierre Taverniers, Yves Frénot et Gilles Brébant
Guides croisières Antarctique : les anciens hivernants de Terre Adélie en compagnie d’Yves Frenot, directeur de l’IPEV : Nicolas Garanger, Nicolas Vogel, Samuel Blanc, Pierre Taverniers, Yves Frénot et Gilles Brébant

Pierre Taverniers est de nos guides, météorologiste de métier, c’est aussi un spécialiste de la banquise et du climat. Et depuis des années, il nous présente hélas chaque année des statistiques de plus en plus inquiétantes sur le réchauffement du Grand Nord (2,5 à 4°C, ce qui est énorme) et la disparition de la banquise estivale (3,3 à 3,9 millions de km², au lieu de 8 millions). Et la tendance continue, malgré les « climato-menteurs » : nous le voyons hélas sur le terrain.

La soirée sera quant à elle bourguignonne, avec la visite des Caves Patriache où reposent 3 millions de bouteilles et un repas aux chandelles autour de tables à la fois studieuses et cordiales, que la dégustation de 8 vins a rendue encore plus amicales…

Dans les caves Patriarche
Dans les caves Patriarche

 

 © Photo Bourgogne Tourisme
© Photo Bourgogne Tourisme

 

Le Dimanche 26 mars 2017

Le dimanche 26 fut consacré à un tour d’horizon du tourisme arctique, grâce à la présence d’intervenants étrangers.
Ronny Brunnvoll est le directeur de Visit Svalbard. Le Spitzberg (ou Svalbard) est protégé par 7 parcs nationaux, 16 réserves et le gouvernement norvégien veut clairement y préserver l’environnement. Longyearbyen, la grande ville, a une capacité hôtelière de 400 chambres et connaît un fort développement, avec des projets aussi, tel le centre d’information sur les parcs nationaux, l’Université du Svalbard qui est implantée depuis longtemps, le nouveau port flottant… En 2008 Longyearbyen accueillait 41 000 croisiéristes, ils sont 65 000 en 2016. De 300, le nombre d’employés dans le tourisme va aller vers 600, faisant du tourisme le premier employeur dans cette ville polaire qui vise à tenir des activités variées, toute l’année durant.
Ronny Brunnvoll a également présenté l’AECO (Association des Organisateurs de Croisières Expéditions en Arctique), qui compte 55 membres (dont Grands Espaces) et qui englobe des bateaux amenant au total 12 000 passagers par an au Spitzberg. Ses consignes, recommandations, sont les guides de terrain de nos excursions.

Idrissia Threstup est venue du Groenland pour nous parler de ce pays de 56 800 habitants, grand comme 4 fois la France et couvert à 85% de glaces. La capitale, Nuuk grandit, mais beaucoup des 20 petites villes et 60 communautés régressent en nombre d’habitants. En 2016, le Groenland a accueilli 67 529 touristes, dont 22 148 par bateaux, soit une progression de 8 à 11% par an. 30% d’entre eux visitent Ilulissat. Treize bateaux de croisières expéditions amènent des passagers allemands à 46%, Français et Suisses pour 7% seulement. Le gouvernement autonome veut clairement développer l’image « blanche » du pays grâce au tourisme, et c’est pour cela qu’un travail très précis d’analyse a été effectué depuis 3 ans, en parallèle aux mesures de développement comme les baisses de taxes, l’aménagement d’aéroports, l’objectif étant de 90 000 visiteurs en 2029. En Islande, le tourisme est devenu la première ressource économique du pays : pourquoi pas le Groenland ? Ainsi, la nature aussi serait protégée.

Nous avons eu le privilège d’accueillir Sergey Shirokyi, anciennement en charge du tourisme au Parc National Arctique russe; ce n’est que très exceptionnellement que nous pouvons avoir des informations sur les régions arctiques russes, dont 11,4% sont protégées, le Parc National Arctique russe couvrant la plus grande aire. Au total, 13 000 zones protégées, avec une collaboration internationale souvent active, une population de 6 à 7000 ours blancs…
Le Parc National Arctique russe couvre le Nord de la Nouvelle-Zemble et surtout l’archipel des 192 îles de la Terre François-Joseph, depuis peu ouverte au tourisme. 1225 personnes en 2015, 1054 en 2016 ont visité ces lieux, coeur des populations d’ours polaires et de morses en mer de Barents, avec aussi 35% de la population des mouettes blanches, les bélugas, narvals… À côté de la base militaire (300 personnes) sur l’île d’Alexandra, qui pourrait un jour voir des vols charters se poser, les autorités du Parc ont tissé un filet de secours et entrepris la rénovation de bases, notamment Tikhaya.
Sergey est actuellement responsable du tourisme dans la ville russe de Barentsburg au Spitzberg, où nous espérons le revoir, mais entre-temps, Grands Espaces va développer ses voyages vers cet archipel couvert à 83% de glaces, le grand inconnu encore des circuits polaires.

Guides grand nord Quelques intervenants : Frank Fietz (Allemagne), Ronny Brunnvoll (Spitzberg), Sergey Shirokyi (Russie)
Guides grand nord
Quelques intervenants : Frank Fietz (Allemagne), Ronny Brunnvoll (Spitzberg), Sergey Shirokyi (Russie)

Anaïd Gouveneau nous a fait découvrir les mers foisonnantes de planctons. Certains sont luminescents, des méduses peuvent dépasser les 20 mètres de longueur, les eaux polaires sont si riches… Les plus riches du monde : à bientôt dans le Grand Nord !

Toutes les photos du weekend sont de Gilles Brébant sauf mention contraire

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